La méditation Vipassana

La méditation Vipassana

Qu’est-ce que la méditation Vipassana?

Comment la pratiquer?

Qu’apporte t’elle?

Découvrez les réponses de Dominique VINCENT, praticien en psychothérapie et formateur, enseignant la méditation depuis les années 70:

Qu’est-ce que la méditation Vipassana?

Vipassana est la technique de méditation la plus simple et la plus proche de l’état de méditation qui ait jamais été expérimentée. Même si c’est une technique simple, cela ne signifie pas qu’elle soit facile à pratiquer par un occidental, ni à expliquer.

Au cours des âges, différents maîtres en ont formulé différentes explications, dont nous essaierons de vous transmettre les plus importantes.

Le mécanisme principal de cette méditation est de placer un phénomène particulier au centre de notre conscience tout en restant ouvert à l’ensemble de la réalité existentielle perceptible actuellement. Par exemple, je peux prendre mon corps comme premier objet de conscience. Quoi que je fasse, où que je sois, j’essaie de rester en contact avec ma réalité corporelle et les sensations qui m’en parviennent. Si j’essaie de le faire, même maintenant en lisant, je me rends compte que je perds très fréquemment le contact avec ma réalité corporelle et que ma conscience s’égare dans le processus mental, sorte de rêve éveillé qui nous éloigne continuellement de la réalité présente. Dès que je m’en rends compte, je reviens à l’écoute de mon corps et de ses sensations.

Je peux prendre d’autres objets pour aider mon processus de méditation, par exemple, la pensée.

Considérez que votre pensée est constituée de mots, de phrases, d’images qui surviennent dans votre mental comme sur un écran de télévision ; faites cette expérience dès maintenant. Un mot, une phrase, une image surviennent dans votre champ de conscience, sortent de l’ombre, se précisent, s’éloignent et s’effacent. Une autre pensée survient et ainsi de suite. Deux phénomènes principaux sont à noter. Le premier est que cet état d’observation de notre processus mental est très difficile à maintenir. Nous avons tendance à nous identifier à nos pensées et à nous perdre en elles sans nous rendre compte qu’il s’agit d’un mécanisme qui n’est pas identifiable à notre conscience.

La seule chose à faire est de revenir à cette attitude de témoin, d’observateur, chaque fois que nous nous rendons compte que nous nous en sommes éloignés. Beaucoup de gens se découragent dès leurs premières méditations parce qu’ils s’aperçoivent que l’expérience du vide n’est pas là, mais que toutes sortes de pensées se bousculent dans leur tête dès qu’ils y prêtent attention. En fait, il ne s’agit pas de lutter contre les pensées pour connaître un état de vide mental, il s’agit de se souvenir le plus souvent possible de prendre la place de l’observateur intérieur et de désidentifier sa conscience du processus mental. Le silence viendra à son heure.

L’autre phénomène à noter, c’est qu’il y a toujours un espace d’abord extrêmement court entre deux pensées, un espace où vous pouvez demeurer présent, attentif et en même temps où le mental est vide. Dès que vous percevez cet espace, vous avez un premier aperçu de l’état de méditation. Prendre la position de témoin jour après jour va permettre peu à peu à votre mental de relaxer et les instants de vide conscient de se multiplier et de s’allonger. Cela ne détruit pas cet outil extraordinaire qu’est le cerveau, mais au contraire lui permet de se reposer et de devenir plus efficace quand vous en avez besoin.

D’autres phénomènes que nous pouvons prendre pour objet de méditation sont le va-et-vient des émotions et des humeurs. Là aussi, nous pouvons devenir le témoin attentif qui n’interfère pas dans ce qui arrive, qui accepte la totalité de notre vie affective tout en sachant que nous sommes la conscience des phénomènes et que nous n’avons pas à nous identifier à eux. Dans la méditation, il n’y a pas de mauvaises ou de bonnes pensées, de mauvaises ou de bonnes émotions. Nous n’avons pas à choisir l’amour contre la colère ou la joie à l’opposé de la tristesse. Ce qui arrive, arrive, et une acceptation consciente nous amène peu à peu vers plus de paix et de compassion.

La forme la plus pratiquée de Vipassana est la présence consciente à la respiration. C’est la méthode qui a probablement aidé le plus de monde à atteindre la réalisation au cours des âges. C’est la méthode enseignée par Bouddha, transmise en Chine sous le nom de Chan qui est devenue le Zen au Japon.

Comment la pratiquer?

La façon de procéder consiste à s’asseoir dans une position confortable. Vous pouvez vous asseoir sur un coussin, les jambes croisées, ou utiliser un banc de méditation. Si ces positions vous sont inconfortables du fait du manque d’entraînement dans nos sociétés, vous pouvez utiliser un bon fauteuil.

La chose importante est l’immobilité absolue qui aide à stabiliser le processus mental et à permettre une bonne circulation de nos énergies. Si possible, vous gardez le dos droit. Sur ce point, vous devez obtenir la verticalité en trouvant la position d’équilibre qui demande le minimum d’efforts. Il ne s’agit surtout pas de vous raidir pour l’obtenir. Vous devriez vous sentir physiquement dans l’état où vous vous trouvez juste avant de vous endormir, en même temps que vous êtes pleinement éveillé.

Votre centre de présence est le hara ou dantian, c’est-à-dire la profondeur de votre bas- ventre, environ à deux pouces en dessous du nombril, à l’intérieur. C’est la région de votre corps où le mouvement respiratoire prend naissance. Vous ne cherchez surtout pas à modifier votre respiration, même pas à respirer profondément et calmement. Avec la pratique, vous vous rendrez compte que la seule présence consciente au phénomène de la respiration à cet endroit, la modifie profondément. Pendant la première séance, pour vous aider, vous pouvez prononcer mentalement, inspirer, expirer. Chaque fois que votre conscience s’investit dans une pensée ou une sensation autre que la respiration, vous pouvez qualifier ce phénomène avec un mot comme argent, travail, enfants ou mal à la cheville et vous revenez à la conscience de votre mouvement respiratoire dans le ventre. Au début, vous pouvez également vous aider en mettant une main sur le bas-ventre pour sentir le mouvement.

Qu’est-ce qu’elle apporte?

Cette façon de méditer est particulièrement profitable car elle permet de prendre conscience d’une région énergétique fondamentale de notre organisme. Elle met en éveil nos réserves énergétiques les plus profondes, en même temps qu’elle nous permet d’assimiler les énergies de l’air et de la nourriture. D’après les sages taoïstes, le dantian ou hara est le lieu énergétique fondamental de l’être humain, le champ d’où jaillissent les forces qui nous animent et qui organisent tout notre être. C’est la réalité source, comparable au centre de l’univers en expansion de la physique moderne.

Entrer en contact avec cet espace, c’est retourner à la source, le non-forme avant la forme, l’un avant la dualité yin-yang. C’est la source du méridien Chong-Mai, le vaisseau vital qui se différencie ensuite en Du Mai et Ren Mai, gouverneur et conception. C’est aussi le premier foyer du Triple Réchauffeur, point de rencontre de la nourriture et de la respiration avec notre énergie prénatale. Autrement dit, c’est le lieu de rencontre des énergies reçues à la naissance et des énergies acquises. C’est aussi le point le plus chaud du corps, c’est-à-dire le plus actif au niveau du métabolisme où la nourriture digérée passe du petit intestin au sang et à la lymphe. C’est enfin le centre de gravité du corps qui permet la balance haut et bas, droite et gauche, avant-arrière. C’est le point d’appui de tous les mouvements et de toutes les transformations. Centrer notre conscience à cet endroit nous ouvre à notre vitalité et à la découverte de notre pouvoir. C’est pour cela que les arts martiaux, le Qigong, l’acupuncture, portent autant d’intérêt à ce centre.

Nous vous donnons ces informations pour stimuler votre intérêt. Cependant, quand vous méditez, ne vous encombrez pas de ces considérations qui gêneraient votre processus. Il suffit de rester en contact avec ce point mystérieux d’où jaillissent les vagues de la respiration.

Vous avez déjà pratiqué cette méditation? Sans entrer nécessairement dans le détail de votre expérience pour laisser aux débutants la possibilité de se faire la leur, n’hésitez pas à déposer votre témoignage en commentaire!

1 réponse
  1. Mme Theryca dit :

    Merci pour cet éclairage. Je connais le Vipassana par les enseignements d’Ajahn Chah. C’est révolutionnaire dans le cours de ma vie. Observer nos pensées, dans quelle école nous apprend-on ce genre d’exercice ? Triste !

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